Ivan Franko, premier navire de croisière du Club Méditerranée 1965/1966

L’Ivan Franko

Localisation : La mer, l’océan
Type de village : Paquebot de Croisières
Date d’ouverture : Décembre 1965
Année de fermeture : Avril 1966

Pour la petite histoire : Le quotidien le Monde du 6 octobre 1965 titre CROISIÈRES A 100 FRANCS PAR JOUR » TOUT COMPRIS » SUR L' » IVAN-FRANKO » AVEC LE CLUB MÉDITERRANÉE

Le Club Méditerranée et la mer ont toujours fonctionné de pair. Le premier est attiré par l’autre. Pour la conquérir plus d’avantage, et proposer aux GMs de nouvelles aventures, le Club met en place dès la fin des années 50, les odyssées. Ces odyssées sont des circuits en Méditerranée à bord de caïques.

En 1965, des compagnies comme les Messageries Marmites ou Paquet recherchent des formules pour exploiter leurs lignes de façon beaucoup plus touristiques. Seul bémol, les bateaux existants sont cloisonnés en classes et cela n’intéresse pas du tout le Club. Il fallait trouver un bateau sur lequel il serait facile de transposer le mode d’organisation qui a fait le succès des villages du Club. Ce navire tant recherché, le club va le trouver au printemps 1965 à Marseille. Comme un cadeau tombé du ciel, un navire battant pavillon soviétique fait une escale dans le port phocéen. Son nom : Ivan Franko. Ses atouts : le nombre de passagers qu’il peut embarquer, son niveau de confort, et surtout le fait qu’il ne dispose que d’une seule classe. Bref, le navire était fait sur mesure pour le Club. En octobre 1965, le Club s’assure de l’exclusivité de l’Ivan Franko pour près de quatre mois et l’annonce à grand renfort de publicité à l’ensemble de la presse invitée à Gènes, pour découvrir le navire.

Le navire accueille cinq bars, une salle de cinéma de cent vingt places, une salle de jeux, un salon de musique, une bibliothèque, une discothèque, un night club , une piscine et un bassin pour les enfants, deux orchestres , bref un vrai village du club flottant ! . Les cabines des passagers disposaient toutes de l’air conditionné, du téléphone et, au moins, d’un cabinet de toilette. Elles se différenciaient toutefois par le nombre de couchettes installées.(de 2, 3 voire 4 couchettes). Les cabines de 4 personnes disposaient de couchettes superposées alors que les autres avaient des lits séparés. À noter que 50% de réduction sur le prix du séjour est proposé pour les GMs partageant une cabine de 4 couchettes s’ils s’inscrivent ensemble.

Le prix de la croisière de Noël 1965 était de 1480 francs (Soit 2280 € si l’on tient compte de l’érosion monétaire due à l’inflation…) pour 15 jours en Méditerranée, ce qui fait 98 francs par jour, tout compris sauf les extras comme le bar.

Coté équipe à bord, des GO et GE des villages d’été font partie du personnel embarqué. Le navire étant soviétique, il est bien évident que l’équipage qui dirige le bateau est russe et parle russe. Face à cette barrière de la langue, le Club à une solution : Natacha KANINE. D’origine russe par ses parents fidèles au tsar, sont venus se réfugier en France en 1920, comme beaucoup d’autres. Elle rentre au Club en 1955 à Golfo di Barratti sur proposition de Dimitri PHILIPPOFF ami de la famille. Elle se hisse au rang de chef de village quelques années plus tard. Sa carrière au Club se termine en 1986.
Parlant couramment russe, Natacha KANINE sur l’Ivan Franko, était la solution.

Durant la saison de location, de décembre à avril (ce qui correspond a une saison en village d’hiver à la montagne.), dix croisières sont programmées au départ de Marseille (avec transfert en train depuis Paris) : six croisières de huit à dix jours et trois croisières de douze à quinze jours dans le bassin méditerranéen, une dernière croisière d’un mois vers les Antilles.
Pour cette dernière, le prix est de 2.960 F par personne ce qui fait toujours environ 100 francs par jour.

Une anecdote me revient concernant cette ultime croisière : en arrivant à Fort-de-France, tout l’équipage russe a été vu au garde-à-vous hissant le drapeau soviétique et en chantant l’internationale. Tradition soviétique ou provocation (n’oublions pas que nous sommes, en ce temps là, en pleine guerre froide). Cette scène provoque un véritable branle-bas de combat à la préfecture. Le préfet accompagné de la police se rend sur le lieu du délit et signifie au commandant de l’Ivan Franko l’interdiction d’accostage dans le port.

Le 20 décembre à Marseille, l’Ivan Franko lève l’ancre à 9 heures. Destination : Beyrouth, Alexandrie, Le Pirée… et retour à Marseille le 3 janvier 1966, à 6 heures. Ce sera la première croisière de l’histoire du Club Méditerranée hors Odyssées sur caïque ou le Djerba avec Koko Chaze.